Voici le rapport accepté lors de l'Assemblée générale du 24 septembre 2022.

Après deux Assemblées générales en l'absence des membres suite à ce que vous savez, le comité d'a-b-c-d a le plaisir de vous accueillir ce samedi 24 septembre au rez-de-chaussée de la Villa, un des locaux de l'Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants à Chêne-Bourg.

Cette AG revêt un caractère exceptionnel, puisqu'il s'agit de la dixième. En effet, c'est le 12 mai 2012 que notre association a été fondée au café L'assiette gourmande à Lausanne.

Malgré les difficultés liées à la situation sanitaire, nous avons poursuivi la consolidation et le renforcement de l'activité du centre d'hébergement et de formation pour enfants et jeunes aveugles et malvoyants à Gaoua dans le sud-ouest du Burkina Faso.

Nous avons également maintenu notre soutien financier à l'école de Zorgho qui accueille des enfants aveugles et malvoyants de Boulsa et répondu aux différentes demandes de matériel nécessaire à la scolarisation des enfants déficients visuel.

Compte tenu de la situation sanitaire et sécuritaire, nous avons malheureusement dû renoncer à nous rendre au Burkina Faso en 2020 et 2021. Cependant, grâce aux moyens techniques à disposition et aux rapports trimestriels qui nous parviennent régulièrement, nous demeurons en contact avec Yara Kambou, le directeur aveugle du centre "Djun-bonfo Yire", la Maison du savoir des aveugles en langue birifor.

En juin 2022, Michel et Jean-Marc se sont rendus à Ouagadougou afin de rencontrer Yara Kambou. Le comité d'A-B-C-D a estimé qu'il était nécessaire d'évaluer la situation du Centre et d'envisager les mesures à prendre pour garantir son bon fonctionnement.

Par ailleurs, il a été décidé que les actions de notre association devaient s'orienter sur des objectifs plus restreints. Pour cela, il était indispensable de rencontrer sur place les personnes susceptibles de nous appuyer dans cette démarche.

Situation à Gaoua

Financement du centre

Initié en 2016 avec le soutien de Valais Solidaire et grâce à vos dons, le projet de Centre d'hébergement et de formation pour enfants et jeunes aveugles à Gaoua arrive à son terme. Outre la scolarisation et la formation des enfants et jeunes aveugles et malvoyants, l'objectif était que le centre soit financièrement autonome grâce aux activités génératrices de revenus (AGR).

Ne nous voilons pas la face: l'objectif n'a été atteint que très partiellement. Voici les principales raisons de cette situation:

• Un terrain peu fertile dont les produits ne suffisent qu'à alimenter la cuisine du centre;
• Des frais élevés pour l'élevage des porcs;
• Le coût exorbitant du carburant pour acheminer les enfants à l'école;
• La situation politique liée à l'insécurité;
• Une fragilité endémique de toute structure dans un pays tel que le Burkina Faso.

Les difficultés sont également d'ordre historique. Il est en effet excessivement difficile que la société burkinabè envisage d'autres formations pour les jeunes aveugles et malvoyants que la formation traditionnelle: le tissage.

Force est d'admettre que les autres formations envisagées dans le centre comme l'élevage de porcs relèvent davantage d'un appoint occupationnel que d'une réelle source de revenus dans le futur des enfants. Cependant, les connaissances acquises au centre ne peuvent que convaincre l'entourage que les jeunes aveugles et malvoyants ne sont pas que de simples bouches à nourrir et qu'ils ont un potentiel certain. Nous devons également déplorer le manque d'initiatives des différents acteurs sur le terrain.

Durant plusieurs années, A-B-C-D a pris en charge de manière dégressive les salaires des collaborateurs du centre. Le projet étant arrivé à son terme, un soutien sous cette forme ne peut et ne doit pas être poursuivi. Il va sans dire que sans appui financier, l'activité du centre ne pourra pas être pérennisée.

Soucieuse du bien-être et de l'avenir des enfants aveugles et malvoyants, notre association ne souhaite pas se désengager. Compte tenu de cette situation difficile, nous avons décidé d'en revenir aux fondamentaux de notre engagement au Burkina Faso: assurer la scolarisation et la formation des enfants handicapés de la vue grâce au parrainage. En clair, pour l'année scolaire 2022 - 2023 qui vient de débuter, il s'agit de verser FCFA 10'000.- par mois et par enfant scolarisés en complément de la subvention équivalente de l'Union Nationale des Associations Burkinabè pour la promotion des Aveugles et Malvoyants (UNABPAM) et FCFA 20'000.- pour les apprenants. Selon l'effectif prévu dès septembre 2022, la somme versée par A-B-C-D s'élèvera à CHF 1'225.- pour trois mois.

Parallèlement, nous demeurons ouverts à tout projet provenant du centre Djun-bonfo-Yire pour autant que ces demandes soient précisément devisées et rigoureusement argumentées quant à leurs objectifs dans le temps.

État des infrastructures du centre

Le projet initial comportait la construction d'un puits, d'une salle polyvalente, de deux dortoirs, d'un bâtiment abritant les douches et les latrines, d'une maison pour le gardien, d'une cuisine, d'une paillote, d'une installation solaire pour la production d'électricité. Durant les années qui ont suivi, un nouveau dortoir, une clôture protégeant le site, une pompe solaire pour le puits, ainsi que des cheminements facilitant les déplacements des enfants handicapés de la vue ont été réalisés.

Yara Kambou nous a fait part des défectuosités et des dégâts occasionnés notamment par les pluies. Il en ressort la nécessité d'effectuer les réparations sur la base de deux devis au minimum que le comité d'A-B-C-D a étudiés lors de sa dernière séance en août dernier. Suite à cet examen, nous avons pu donner le feu vert pour cette opération.

Formation en tissage

Casimir, un expert aveugle en matière de tissage, se rendra à nouveau à Gaoua pour parfaire les connaissances acquises lors de son premier passage au centre.

De plus, A-B-C-D, en accord avec Yara Kambou se propose d'offrir à chaque apprenant ayant achevé sa formation, un kit comprenant les fils en lipico et un cadre métallique pour confectionner un lit ou une chaise afin qu'il puisse mettre en pratique ce qu'il a appris et vendre le produit de son travail de retour dans son village.

À noter que la vente de filets à commission confectionnés au Burkina Faso a été totalement abandonnée. Les fils provenant de produits pétroliers, il n'est plus du tout envisageable de vendre ces filoches malgré leur incontestable solidité.

Activités génératrices de revenus

Ce sujet très important pour l'avenir du Centre a fait l'objet de longues discussions. Yara Kambou nous a exposé les difficultés rencontrées pour le maraîchage et l'élevage de porcs et fait des propositions pour tenter d'y remédier. Concernant le maraîchage, il a soumis un projet à un partenaire local qui propose d'agrandir la surface cultivable et d'installer un arrosage goutte à goutte. Actuellement, les produits du jardin ne permettent pas d'envisager la vente. Par contre, ils permettent d'améliorer et de diversifier la nourriture servie aux enfants scolarisés et aux apprenants.

Concernant l'élevage de porcs, le vétérinaire recommande d'acheter deux couples de race locale qui se nourrissent d'aliments cultivables au Burkina, donc moins chers et qui se vendraient plus facilement.

Cette rencontre avec Yara Kambou a permis d'aborder d'autres sujets:

• Les relations avec l'école que fréquentent les enfants aveugles et malvoyants du centre;
• L’évaluation du soutien apporté à Yara Kambou par une personne extérieure;
• Les contacts avec le service d'ophtalmologie de l'hôpital de Gaoua;
• La nécessité de tester de nouvelles AGR, comme le séchage de fruits;
• La nécessité de poursuivre la campagne de sensibilisation et d'information dans les villages du Poni sur l'existence du centre, sur l'importance de la scolarisation et de la formation des enfants et jeunes aveugles et malvoyants.

Besoins en matériel pédagogique

Après avoir consulté le collège catholique de Gaoua où les enfants du centre sont scolarisés, Yara Kambou nous a adressé une liste de matériel pédagogique qu'A-B-C-D a accepté de prendre en charge.

L'intégralité de ce matériel a été commandée à l'Union Centrale suisse pour le Bien des Aveugles qui se chargera de l'envoi au Burkina Faso.

Impression de livres en braille

Afin de favoriser l'autonomie des différents acteurs du domaine du handicap de la vue sur place, A-BC-D a remis l'intégralité des fichiers couvrant les livres de lecture des six classes du degré primaire à une institution œuvrant pour les enfants aveugles. À noter que ces fichiers sont formatés de sorte à pouvoir être directement imprimés en braille. Dans le cadre de sa collaboration avec la Mission Évangélique Braille, A-B-C-D a été en mesure d'envoyer au Burkina Faso 200 kg de papier braille.

A-B-C-D à l'avenir

Compte tenu de l'âge des membres du comité et des difficultés que nous rencontrons pour assurer la relève, nous ne souhaitons pas nous lancer dans un projet de l'ampleur du centre de Gaoua. Ainsi, nous avons décidé de donner une nouvelle orientation à notre action en faveur des personnes aveugles et malvoyantes au Burkina Faso. Nous souhaitons faire de la formation des femmes aveugles et le soutien individuel aux étudiants handicapés de la vue nos deux priorités.

Formation des femmes aveugles

Suite à la réussite de deux formations en aviculture qui ont vu la participation d'une cinquantaine de femmes aveugles, nous avons décidé de proposer trois nouvelles cessions à Ouagadougou, à Gaoua et à Zorgho, une ville située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale. Suite à l'expérience acquise après les deux premières formations, A-B-C-D mettra en place dans le cadre des formations prévues, une journée qui permettra d'assurer un suivi aux femmes qui ont participé aux premières formations.

Notre partenaire formateur, Zydion Sandouidi, profitera de son séjour à Gaoua pour former des membres de l'Association de l'Espoir des Malvoyants et Aveugles de Gaoua (AEMAG), notre partenaire qui gère le centre, au traitement du miel. Nous espérons que cette AGR puisse constituer une source de revenus intéressante.

Suite à notre rencontre avec Madame Marie-Claude Forogo, présidente de l'Union Nationale des femmes aveugles, nous allons mettre sur pied une formation pour la confection de savons. De même, un kit sera remis à chaque participante à l'issue de la formation. Nous invitons les membres présents à se prononcer à ce sujet.

En 2023, A-B-C-D financera une formation à l'utilisation de l'iPhone à l'intention de six personnes handicapées de la vue.

Soutien individuel

Grâce aux compétences internes à notre comité, A-B-C-D est en mesure de soutenir des personnes handicapées de la vue en matière d'informatique adaptée. Comme premier exemple, il s'est agi d'équiper une diplômée aveugle en communication avec un afficheur braille. Comme second, nous pouvons citer la remise en prêt d'un matériel d'enregistrement adapté à un étudiant aveugle qui souhaite réaliser des podcasts de sensibilisation au handicap visuel.

En résumé, nous tentons de répondre aux demandes de matériels qui nous sont soumises par Boubakar Ouedraogo, le représentant d'A-B-C-D sur place.

Finances

État au 31.12.2020

• Recettes: CHF 26'383.-;
• Dépenses: CHF 51'134.-;
• Excédent de charges: CHF 24'750.-;
• Fortune: CHF 53'160.-.

État au 31.12.2021

• Recettes: CHF 22'782.-;
• Dépenses: CHF 13'104.-;
• Excédent de produits: CHF 9'677.-;
• Fortune: CHF 62'885.-.

Tout en espérant que vous nous conserverez votre confiance, nous vous remercions de votre attention.

Pour le comité d'A-B-C-D

Jean-Marc Meyrat, président, 19 septembre 2022

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